La Course
Une fois les Amériques découvertes, les rumeurs les plus folles circulaient déjà dans toute l’Europe. La navette des navires espagnols battait son plein, de sorte que Séville devint rapidement la place incontournable du commerce européen: tout passait par l’Espagne, aux prix et conditions que celle-ci imposait. Cette situation intenable poussa François Ier à cautionner tous les corsaires qui voudraient bien se jeter sus à l’ennemi.

Le plus grand, le plus fort et le plus riche de tous s’appellera Jean Ango. A la tête d’une flotte remarquable, qui mit sur les mers des noms tels que Jean Fleury ou les frères Parmentier, ce vicomte fit immensément fortune et devint rapidement le meilleur atout du roi de France. Au début, les corsaires s’attaquaient aux navires espagnols sur leur retour, alors qu’ils revenaient les cales chargées de trésors, mais ils comprirent finalement qu’il y aurait plus de profit à aller chercher les richesses sur place. Et puis la route n’était plus secrète depuis qu’on avait mis la main sur les cartes marines gardées jalousement par les Espagnols. Ce fut donc la ruée sur les Amériques et des corsaires vinrent de tous les ports de France. Cartier s’en fut coloniser le Canada, les Français prirent pied sur le nord du continent et s’essayèrent même – sans succès – au Brésil.

Le monopole Espagnol vacillait mais ne rendait pas l’âme. Les conflits s’envenimèrent donc, d’autant plus que les Anglais et les Hollandais ne tardèrent guère à imiter les Français. Les eaux du Nouveau Monde voyaient arriver de plus en plus d’aventuriers prêts à tout pour s’enrichir sur le dos de la Grande Espagne. Vint alors le temps de la flibuste, une piraterie autorisée qui permit à chacun de tenter sa chance avec l’aval de son gouvernement.