Les Nations
L’Italie. Toute cette formidable aventure commença avec les épices... Le poivre, le gingembre, la canelle ou la muscade étaient alors consommés avec frénésie dans toute l’Europe. Le monopole de ce commerce était en main des Italiens, qui avaient posé leurs jalons sur la route des épices depuis le retour de Marco Polo. Mais Venise imposait des prix invraisemblables, eu égard aux nombreux péages et intermédiaires entre l’Europe et l’Inde ou la Chine. Pour accéder à ce commerce en évitant ce monopole, il ne restait qu’à prendre la mer et contourner le continent.

Le Portugal. Les premiers, les Portugais se risquèrent à partir en quête des richesses orientales en contournant la route terrestre. Ils commencèrent par longer la côte africaine, avant de passer le cap de Bonne-Espérance et de filer droit sur les Indes orientales. Dans le même temps, Christophe Colomb amorçait son premier voyage, lançant l’Espagne dans la course au trésor du côté occidental. Le partage du monde entre les deux nations ibères, avec la bénédiction de l’Eglise, allait bientôt provoquer ce mouvement unique que fut la piraterie européenne.

L’Espagne. Puisque le Portugal n’avait pas daigné s’intéresser aux élucubrations de Colomb, l’Espagne n’allait pas laisser passer sa chance. Elle finança donc la Grande Découverte et réalisa avec surprise que ces nouvelles terres allaient bientôt rapporter beaucoup plus que la Route des épices orientale. Les autres pays d’Europe, France en tête, étaient du coup relégués au second plan, obligés de contempler le succès de leurs voisins espagnols et portugais sans sourciller. L’Espagne mit en place un commerce si fructueux depuis les Amériques, qu’elle devint rapidement l’ennemi à abattre.

La France. Exclue du partage du monde entre Espagnols et Portugais, la France fut la première à réagir. François Ier, piqué au vif, fit tout ce qu’il put pour lancer dans la course au Nouveu Monde toutes les forces qu’il put trouver. Sa marine royale étant trop faible, il eut recours aux armateurs privés, qui armèrent donc les navires corsaires qui allaient entamer le mouvement dans les Caraïbes. Avec cette guerre à l’Espagne et au Portugal, on voyait aussi se profiler un conflit de religion, avec les catholiques d’un côté et les huguenots de l’autre.

L’Angleterre. Quelque temps après la France, l’Angleterre se jeta elle aussi dans la mêlée, avec le soutien de la reine Elisabeth 1re. Celle-ci allait pousser l’Espagne dans ses derniers retranchements en lançant sur les mers ses sea dogs, au nombre desquels il y eut John Hawkins, Walter Raleigh et surtout le grand Francis Drake. Tour à tour corsaire, flibustier et pirate, c’est lui qui battit l’invincible Armada, signant par la même occasion la fin de l’hégémonie espagnole. Ouvertement protestante, la reine Elisabeth tendit aussi la perche aux Hollandais réformés, qui tentaient de s’émanciper de la couronne d’Espagne. Grâce aux pirates et à leur maîtrise des océans, les Britanniques allaient bientôt fonder le plus grand empire que le monde ait connu.

Les Pays-Bas. Oppressés par une Espagne toute puissante, les hollandais initièrent un soulèvement qui partit des couches basses de la société. On appela ces révoltés les Gueux, parce qu’ils étaient parmi les plus miséreux et pendables du pays. Acculés, battus, décimés, les survivants prirent la mer et se réfugièrent sur les côtes anglaises. Soutenus discrètement par la reine Elisabeth, les Gueux de mer finirent par obtenir l’indépendance et se lancèrent eux aussi dans la course aux Amériques. Avant l’Angleterre, les Hollandais devinrent les seigneurs du monde et monopolisèrent pour un temps le commerce du sucre et des épices.