Dès le premier retour dexpédition de Christophe Colomb, les Espagnols entamèrent une longue valse de navettes entre Séville et les nouvelles terres dAmérique. Départ de Séville par le sud, en longeant les côtes africaines jusquà la hauteur des Canaries, puis traversée de lAtlantique en direction des Antilles. Direction la côte du Venezuela, puis Carthagène et le Panamá. Remontée sur la Havane, où la flotte ayant ramassé au passage toutes les richesses exploitées par les colonies naissantes, attendait une seconde escouade de navires, revenant eux du Mexique.
Les Espagnols faisaient ainsi main basse sur le trésor inca et largent de Potosí descendus tout droit du vice-royaume du Pérou, puis le trésor aztèque ainsi que le bois précieux embarqué au Yucatán. Au sud des Caraïbes on avait les îles perlières, le cacao et les émeraudes, tandis quau nord se récoltaient le cuir, le sucre et le tabac. Par la suite, les richesses de lAsie transitèrent également par là, après avoir longé la côte du Pacifique.
Mais outre ces denrées revendues à prix dor en Europe, les Espagnols faisaient aussi leur beurre avec les colons, à qui ils vendaient à des prix prohibitifs les produits manufacturés importés par les galions qui allaient repartir chargés dor et dépices. Gain sur les 2 tableaux et monopole absolu... Cette situation ne pouvait quengendrer la contrebande.
Parsemée dîles isolées et impossible à contrôler, la mer des Caraïbes offrait un repaire idéal pour les aventuriers décidés. Ceux-ci attaquaient donc les navires venant dEurope, ceux repartant les cales pleines ou même les premières villes tout juste nées. Peu à peu, ces hommes se fixèrent sur certaines places, allant jusquà fonder de véritables comptoirs commerciaux. La flibuste était née!
Constituée avant tout de renégats français, anglais et hollandais, la flibuste évolua au gré des alliances et des guerres entre les nations européennes. Avec le temps, la piraterie devint une sérieuse menace économique et militaire pour l'Espagne, mais aussi pour les autres nations qui, petit à petit, devenaient plus présentes dans les eaux du Nouveau Monde. Puis vint un temps où les pays européens n'eurent plus vraiment besoin de la complicité des flibustiers pour s'imposer. Les amis d'hier étaient devenus trop encombrants... Alors on leur fit la chasse, tant et si bien qu'ils finirent par s'exiler sous des cieux moins dangereux. Le deuxième volet de la piraterie européenne s'ouvrit alors, sur la route des Indes et de ses comptoirs surchargés de richesses.
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