Depuis quelques années, certains chercheurs se sont enfin penchés sur la piraterie et la flibuste, à linstar de Chritopher Hill, de Michel Camus, de Jean-Pierre Moreau ou de Jenifer Marx. Conséquence: on commence enfin à apercevoir le pirate tel quil était et non plus tel quon le fantasmait! Mettant à mal les nombreux clichés que sont les abordages, les trésors enterrés, les femmes pirates et autres personnages tout droit sortis de limaginaire, certains de ces historiens ont pourtant installé un autre cliché: celui dune contre-société ancêtre de lanarchie et des idéaux de la révolution française.
Pourtant, et malgré les règles des «Frères de la côte», tous les pirates ne furent pas épris dun humanisme anarchisant et autogéré... Sans nier la réalité de cette vision «contestataire» de la piraterie, il convient donc de tenter de séparer ce qui provient de lhistoire de ce que lon aimerait bien y voir, ne pas oublier les flots de sang répandu et le commerce massif des esclaves!
Comme toujours, la réalité est donc certainement plus proche du centre que des extrêmes. La révolte des pirates était affaire dindividus avant dêtre une rébellion collective et chacun avait ses raisons personnelles dêtre là. Dès lors, comment parler dune conception du monde commune à tous ces hommes? Il est pourtant vrai que tous ces aventuriers cohabitaient dans un même espace géographique et à la même époque. Planteurs, colons, conquistadors ou marins, esclaves ou hommes libres, Noirs ou Blancs, flibustiers ou pirates: tous étaient en quête de la liberté ! Il y eut donc bien un réel mouvement de masse, de réaction à la misère, à linjustice et à loppression de lépoque. La quête dune vie meilleure et dun monde plus libre.
Pourtant, de là à lanarchie il y a encore un gouffre, particulièrement si lon pense à lopportunisme des forbans, à leur individualisme et au capitalisme naissant qui était la base de leur système économique! Des révoltés: oui; des anarcho-communistes: certainement pas!
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