| A | B | C | D | E | F | G | H | I-J-K | L | M | N | O | P-Q | R | S | T | U-V-W | X-Y-Z
CHAMPAGNE, alias Jean PICART: flibustier français, originaire de Vitry-le-François, en Champagne, d'où son surnom.

Il fit d'abord la course sur un flibustier qui fréquentait la Jamaïque (à partir de 1659). En 1666, commandant son propre navire, il défit un corsaire anglais nommé Morris. À la fin de cette année-là, mouillant à la Tortue, il obtint du gouverneur Ogeron une commission portugaise pour prendre sur les Espagnols. Commandant la petite frégate La Fortune, il se distingua par ses attaques contre les bâtiments espagnols et anglais, notamment par la capture du Hope, de Londres, qu'il prit (novembre 1667) à la tête de seulement 35 hommes. Selon Exquemelin, Champagne reçut ensuite d'Ogeron le commandement de la Cacaoyère, que l'Olonnais avait prise en se rendant à Maracaïbo. Montant ce bâtiment ou un autre, il fut capturé par les Espagnols (vers 1669) qui le gardèrent prisonnier plus de dix ans à Cartagena d'où le comte d'Estrées obtint finalement son élargissement (juillet 1680). Une fois de retour à Saint-Domingue, d'Estrées l'engagea à passer à France avec lui sans que l'on ne sache s'il le fit ou non.

CHAMPAGNE: flibustier français (probablement mort à Mexico, en 1680 ou 1681).

Portant une commission en guerre contre les Espagnols et les Néerlandais délivrée par le gouverneur de Saint-Domingue, il perdit son petit bâtiment dans la baie de Campêche au début de 1680. Sa quarantaine d'hommes et lui trouvèrent refuge sur une petite île dans la lagune de Términos. Vers avril ou mai, ils y furent pris par la petite armée commandée par Felipe de La Barrera y Villegas, lieutenant de roi de la ville de Campêche. À l'exemple de ce qu'il fit pour les bûcherons et les marins anglais qu'il captura vers le même temps, celui-ci leur promit de les mener à l'île de la Tortue ou une autre colonie française s'ils se rendaient et lui remettaient leurs armes. Champagne et ses hommes s'exécutèrent et furent d'abord conduits à Campêche où ils demeurèrent prisonniers une vingtaine de jours et où sept des leurs périrent. Contre la promesse que les Espagnols leur avaient faite, il furent ensuite mener prisonnier à la Vera Cruz où ils travaillèrent aux fortifications puis à Mexico où ils furent littéralement vendu comme esclaves. Cependant Champagne et quelques uns de ses hommes furent jetés en prison et leurs compagnons présumèrent qu'ils furent empoisonnées. Au moins un des hommes de Champagne parvint à s'échapper, mais après mai 1681 date à laquelle ses camarades et lui adressèrent de Mexico une pétition au consul de France à Cadix pour obtenir leur libération.

CHAPMAN: flibustier anglais.

En 1685, il fut accueilli avec un certain Holloway par des habitants de la colonie anglaise de la Caroline. Deux ans plus tard, les seigneurs propriétaires de cette colonie se plaignirent de l'accueil que leurs administrés avaient réservé à ces pirates. Cependant, Chapman et Holloway pourraient être des surnoms utilisés respectivement par les capitaines Sharpe et Markham qui firent escale en Caroline au retour de la prise de Campêche, cette même année.

CHARLES: flibustier français.

Commandant la barque Le Lion, armée de trois canons, avec 40 hommes d'équipage, il joignit à l'île à Vache, à la fin de 1670, la flotte de l'amiral jamaïquain Henry Morgan, sous les ordres duquel il participa à l'entreprise de Panama. Il pourrait être identifié à Charles Lemaire, ancien flibustier, qui devint planteur et mourut à Saint-Domingue en 1694. Certains auteurs assurent cependant que son nom véritable était Charles Lolive et qu'il fut tué par les Espagnols de Saint-Domingue en 1673.

CHEVALIER, Robert: voir sous Beauchêne.

CLOSTRÉE: flibustier français.

À la fin de 1663, ce capitaine, dont l'île de la Tortue était le port d'attache, croisait avec une commission française et une autre du gouverneur de la Jamaïque.

COLLIER, Edward: flibustier anglais.

Ce capitaine d'infanterie ou de milice, reçut en décembre 1660 un terrain à Port Royal qu'il partagea avec le lieutenant John Edgoose. Quelques années plus tard, il devint capitaine corsaire à la Jamaïque. Commandant la frégate The Relief, il mena, en septembre 1667, à Port Royal une prise espagnole, La Nuestra Señora de la Concepcion y San Jose. L'année suivante, il fut l'un des capitaines de la flotte de Henry Morgan laquelle s'empara de Puerto Principe à Cuba puis de Puerto Belo. En octobre 1668, il se vit confier le commandement de la frégate Oxford, armée 34 canons, par le gouverneur Modyford. Avec environ 180 hommes d'équipage, il se rendit à l'île à Vache, où il se saisit du Cerf-Volant, un corsaire français. Après cette capture et un conseil de guerre tenu à bord de l'Oxford tenu par l'amiral Morgan et ses capitaines, dont Collier, ce vaisseau explosa (janvier 1669), entraînant dans la mort la majorité de son équipage. Après cette tragédie, Collier retourna à la Jamaïque au commandement de sa prise française qui fut rebaptisé The Satisfaction. Dès février, avec ce navire, Collier repartait en course aux côtes de la péninsule du Yucatan. De retour à Port Royal (août 1670) après une croisière de 18 mois, il joignit la flotte de Morgan, qui fit de la Satisfaction son navire-amiral. Durant le séjour de la flotte à l'île à Vache, Collier alla piller La Rancheria et Rio Hacha. Mais il perdit la Satisfaction sur un récif à l'entrée de la rivière Chagres (janvier 1671). Lors de la bataille de Panama, il aurait tué un religieux espagnol qui lui avait demandé quartier. En avril 1672, craignant de partager le sort de Morgan, il vendit tous ses biens puis il quitta la Jamaïque : en 1670, il était pourtant l'un des plus importants planteurs de la paroisse Clarendon avec 1020 acres de terre; la même année, le major Anthony Collier, probablement un parent, siégeait sur le Conseil de cette île.

COOK, John: flibustier anglais natif de l'île Saint-Christophe (mort dans le golfe de Nicoya, juillet 1684).

D'abord maître d'un petit bâtiment marchand, il dut abandonner celui-ci, en 1679, à l'île Bonaire pour échapper aux Espagnols. Il joignit ensuite l'équipage d'un flibustier qui se retrouva ensuite au rendez-vous de l'île d'Or en avril 1680. Cook fut ainsi l'un des quelque 330 flibustiers anglais qui passèrent à la mer du Sud, par l'isthme de Panama. En avril 1681, il fut toutefois l'un de ceux qui se séparèrent de leur chef, Bartholomew Sharpe pour retourner aux Antilles par l'isthme de Panama.
À son retour, il navigua successivement sous les ordres des capitaines Wright et Yankey dont il devint le quartier-maître. À l'île à Vache, ce dernier lui donna le commandement d'une prise, mais les Français de Saint-Domingue la lui enlevèrent sous prétexte qu'il n'avait pas de commission. Avec une dizaine des siens, Cook s'embarqua avec le flibustier français Tristan, dont ils volèrent la barque lors d'une escale à Nippes, à la côte ouest de Saint-Domingue. Ayant repris le reste de ses gens à l'île à Vache, il captura deux bâtiments français dont il en conserva un qu'il rebaptisa the Revenge. Arrivé en Virginie en avril 1683, il en repartait quelques mois plus tard à la tête de 70 hommes puis mettait le cap vers l'Afrique. À l'embouchure de la rivière de Sierra Leone, en novembre, il prit un grand navire danois qu'il échangea contre le Revenge et rebaptisa Batchelor's Delight. Le mois suivant, il appareilla pour la mer du Sud, où il entra en mars 1684, par le détroit de Magellan. Il s'associa ensuite avec le pirate Eaton, avec lequel alla à l'île Juan-Fernández. Cook toucha ensuite aux îles Lobos et aux Galapagos. Déjà malade, il mourut à bord du Batchelor's Delight, près du cap Blanco, dans le golfe de Nicoya.

COSTING, Henry: flibustier anglais.

En 1664, ce capitaine, portant commission de l'ancien gouverneur de la Jamaïque, lord Windsor, captura le San Miguel y Santo Domingo. Il mena cette prise à Port Royal où, en juillet de cette année-là, elle lui fut adjugée par le nouveau gouverneur Modyford. Quelques années plus tard, commandant un petit bâtiment de deux ou trois canons, il captura un autre navire espagnol de 200 tonneaux, transportant pour quarante à cinquante mille livres en marchandises, prise qu'il mena à Port Royal en novembre 1668.

COURT, Rudolph: flibustier néerlandais originaire de Flessingue.

Portant en 1668 commission du gouverneur de l'île de la Tortue pour prendre sur les Espagnols, ce capitaine joignit ensuite la flotte du jamaïquain Henry Morgan, sous les ordres duquel il participa à la prise de Puerto Belo.

COUSTARD, Guy: aventurier français (Angers, 1653 - Saint-Domingue, 1698).

Fils de Jean Coustard, un échevin d'Angers, il passa à Saint-Domingue à l'âge de douze ans. Devenu flibustier, il fit fortune à ce métier, mais y perdit la main gauche. Capitaine de milice (1685), il siégea également au Conseil Supérieur du Petit-Goâve dès sa création. En 1691, il épousa Jeanne Bertrand, native de la Tortue. Habitant la paroisse de l'Ester, il s'y illustra en aidant à repousser un raid anglais (octobre 1694). Par la suite, il participa à la prise de Cartagena en 1697.

COX, John: flibustier anglais originaire de la Nouvelle-Angleterre.

Matelot de Bartholomew Sharpe, lorsque celui-ci devint général des flibustiers en mer du Sud (juin 1680), il fut nommé capitaine d'une prise espagnole de 100 tonneaux, rebaptisée The Mayflower, au commandement de laquelle il succéda à Edmund Cooke et qui fut perdue quelques mois plus tard. En janvier 1681, il fut à l'origine de la destitution de Sharpe et de la nomination de Waitling comme capitaine de la Holy Trinity. Cox retourna néanmoins aux Antilles, via le détroit de Magellan, puis en Angleterre avec Sharpe. Il écrivit une relation de leurs aventures en mer du Sud.

COXON, John: flibustier anglais (mort après 1695).

Il vécut probablement aux Bermudes avant de s'établir à la Jamaïque dans les années qui suivirent la conquête de cette île par les Anglais. Il travailla, de 1669 à 1674, dans le commerce du bois de teinture, commandant de petits navires faisant la navette entre la baie de Campêche et la Jamaïque, son port d'attache. Vers la fin de 1675 ou le début de l'année suivante, il devint capitaine corsaire croisant sous commission française du gouverneur de Saint-Domingue pour prendre sur les Espagnols et les Néerlandais : son principal armateur était alors le colonel Byndloss, membre du conseil de la Jamaïque. En juin 1676, en compagnie de quatre autres flibustiers, il pilla la petite cité côtière de Maracaïbo, puis il rallia la Jamaïque, d'où il dut aussitôt repartir car le gouverneur Vaughan lui fit donner la chasse comme pirate. Il passa alors à Saint-Domingue où il joignit probablement la flotte du marquis de Maintenon, qu'il dut accompagner lors de son expédition au Venezuela. S'étant séparé de la flotte du marquis, il pilla en juillet 1677 le port de Santa Marta, avec quatre autres capitaines. Le mois suivant cet exploit, il rentra avec ses associés à la Jamaïque où il fit sa soumission au gouverneur Vaughan, auquel il livra même l'évêque de Santa Marta que ses associés et lui avaient fait prisonnier pour obtenir une rançon.
En dépit de l'aministie que lui accorda Vaughan, Coxon n'en revint pas moins à la flibuste. Ainsi, à l'été 1679, il participa au pillage des entrepôts espagnols des Honduras et revint à la Jamaïque où il ne fut apparemment pas inquiété par le nouveau gouverneur Carlisle. Appareillant de Port Morant (partie orientale de la Jamaïque) dans les premiers jours de l'année suivante à la tête d'une petite flotte de flibustiers anglais, il alla faire descente à Puerto Belo, dont il pilla les faubourgs en février 1680. Après cette entreprise, il s'empara d'un vaisseau espagnol qu'il échangea ensuite contre la barque qu'il montait alors. En avril, il conduisit une troupe d'environ 300 flibustiers à travers l'isthme de Panama, pour aller piller les Espagnols en mer du Sud, sur la côte pacifique de l'Amérique du Sud. Mais, après la bataille de l'île Perico contre une petite flotte espagnole, critiqué par plusieurs et lui-même déçu de cette expédition, il retourna aux Antilles par le Panama. Chassé au large de la Jamaïque par le HMS Hunter et déclaré hors-la-loi, Coxon fut éloigné de la colonie pendant deux ans, qu'il passa en croisières peu fructueuses aux côtes de Panama et de la Floride. En juin 1682, il fit cependant sa soumission à Sir Thomas Lynch, le nouveau gouverneur de la Jamaïque. De celui-ci, il reçut alors une commission pour donner la chasse aux pirates, tant anglais que français, qui troublaient alors le commerce maritime de la colonie. Mais, dès novembre 1683, Coxon était redevenu un pirate lui-même : en association avec son vieil associé Sharpe et le capitaine Yankey, il s'attaqua à la navigation espagnole aux côtes orientales du Yucatan et aux Honduras. En janvier 1686, il se rendit au gouverneur Molesworth et fut jugé pour piraterie, ayant alors quelques sympathisants au sein du jury.
Emprisonné à Port Royal, il parvint à s'en évader en mars suivant. Alors qu'il était établi parmi les bûcherons anglais de la baie de Campêche, un autre mandat d'arrestation fut émis contre lui en novembre. S'étant rendu aux autorités jamaïquaines en septembre 1688 et ayant été relâché avec assez de butin, il acheta apparemment un sloop pour aller commercer avec les Mosquitos. Durant la guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697), Coxon fut employé tantôt comme pilote tantôt comme corsaire par le gouverneur de la Jamaïque, participant notamment à deux descentes contre la colonie française de Saint-Domingue (1691 et 1695). Il semble avoir fini ses jours au Honduras, parmi les Indiens.

| A | B | C | D | E | F | G | H | I-J-K | L | M | N | O | P-Q | R | S | T | U-V-W | X-Y-Z