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MADÈRE, alias Philippe DEMESOILE: flibustier français.

Il participa au voyage en mer du Sud, entrepris par une partie des flibustiers de Saint-Domingue au début de 1685, sous le commandement des capitaines Cachemarée, Lescuyer, Rose, Le Picard et Desmarais. Il revint aux Antilles en traversant les Honduras en avril 1688, et compta au nombre de la cinquantaine de flibustiers français qui passèrent du cap Gracias a Dios à Port Royal (Jamaïque). Là, Demesoile et ses camarades furent arrêtés par Stephen Lynch, l'agent de sir Robert Holmes, chargé de supprimer la flibuste dans les colonies britanniques. Privé de sa part de butin par Lynch, il parvint à regagner Saint-Domingue d'où il arma un petit vaisseau pour se dédommager aux dépens des Anglais de la perte qu'il avait subi à la Jamaïque. En octobre 1688, il captura ainsi le sloop Friendship, commandé par Robert Tapley. La France et l'Angleterre étant entrées en guerre l'une contre l'autre quelques mois plus tôt, l'action de Demesoile se trouva justifiée. Mais, au printemps 1691, commandant un brigantin de huit canons et de 66 hommes, il fut capturé à la côte de Cuba par une flottille jamaïquaine comprenant les HMS Guernsey et Swan.

MAGGOT, Thomas: flibustier anglais.

En décembre 1679, il commandait l'un des six petits bâtiments mouillant à Point Negril, auxquels le gouverneur de la Jamaïque avait accordé la permission d'aller charger du bois de campêche aux Honduras. Mais, à l'exemple des autres capitaines de ces navires, il participa à la prise de Puerto Belo (février 1680) puis garda, à l'île d'Or, avec Allison, les navires des flibustiers passés à la mer du Sud sous la conduite des Sharpe, Coxon, Harris, Cooke et Sawkins. En juin 1680, croisant au large de la Jamaïque avec Coxon et Allison, il dut apparemment abandonner sa barque au HMS Hunter qui leur avait donné la chasse et s'embarquer avec Coxon.

MAINTENON, Marquis de (Charles François d'ANGENNES): marin français (Chartres, 1648 - Petites Antilles, 1691).

Enseigne de vaisseau à Toulon (1669), il arriva aux Antilles, en 1670, sur le petit navire du roi La Sybille, qu'il commanda (1672-1673) au décès du sieur du Lau. En 1673, revenant de l'expédition de Curaçao avec le gouverneur général Baas, il fut envoyé par ce dernier prendre des bâtiments anglais qui mouillaient dans la baie des Irois (Saint-Domingue). Il rentre en France avant la fin de l'année. Dès 1674, il est de retour aux Antilles qu'il quitta en novembre ou décembre pour rentrer en métropole. Commandant la Fontaine d'Or, armée de 24 canons, il appareilla de Nantes en octobre 1675, pour un second voyage en course dans la Mer des Antilles. Dans la seconde partie de 1676, il réunit à Saint-Domingue une flotte corsaire d'une dizaine de bâtiments, portant au total 800 hommes. Avec cette flotte, au début de 1677, il attaqua et s'empara de la capitale de l'île de Margarita et de Nueva Valencia à la côte de Cumana, ce qu'il fit sans grand profit. Il vint désarmer sa frégate La Fontaine d'Or au Petit-Goâve mais son équipage la saborda (mai 1677) pour éviter qu'elle ne tombe aux mains d'une escadre néerlandaise qui vint menacer ce port. En 1679, le marquis fut nommé gouverneur de Marie-Galante. En 1681, il appareillait de France au commandement du navire du roi La Sorcière pour nouer des relations commerciales en Amérique avec les colonies espagnoles, ayant obtenu le monopole du commerce français avec les Espagnols du Venezuela: durant cette croisière, il confisqua les commissions de certains flibustiers relevant de Saint-Domingue. En 1685, il fut démis de son poste de gouverneur de Marie-Galante, où il n'avait résidé que quelques mois en cinq ans.

MALHERBE, Abraham: flibustier français.

En avril 1665, il commandait une galiote armée d'un canon dans la flotte qui appareilla de la Jamaïque sous les ordres du gouverneur adjoint Edward Morgan pour un expédition contre les colonie néerlandaises des Petites Antilles. Après la prise des îles Saint-Eustache et Saba, il rentra à la Jamaïque. En 1666, il était l'un des deux capitaines français de Saint-Domingue (le second étant Le Gascon) qui servaient les Anglais de la Jamaïque.

MANSVELDT, Edwaert: flibustier néerlandais (mort à La Havane, 1666) connu en anglais sous le nom d'Edward MANSFIELD.

Il est possible qu'il fréquenta l'île Providence avant 1642 puis celle de la Tortue après cette date, peut-être déjà comme capitaine flibustier. Le 14 décembre 1660, il obtenait un congé du colonel D'Oyley, le gouverneur militaire de la Jamaïque, pour sortir du port Cagway (future Port Royal), avec commission du même officier pour prendre sur les Espagnols. En 1663, commandant un brigantin, il participa à l'expédition de Campêche sous les ordres du capitaine Myngs. En novembre 1665, il commanda lui-même une flottille qui planifiait une attaque contre quelques cités cubaines; des envoyés du gouverneur de la Jamaïque tentèrent de le persuader de porter la guerre contre les colonies néerlandaises, notamment celle de l'île Curaçao, mais en vain puisque, sous commission portugaise, délivrée par le gouverneur de la Tortue, Mansfield, à la tête de quelque 300 hommes, pilla et brûla Cayo et Santo Spirito, dans l'île de Cuba le mois suivant. Au début de l'année suivante, Mansfield fit descente au Costa Rica, prenant, avec 600 hommes, Turrialba mais devant renoncer à son objectif, Cartago (avril 1666). Ayant encore sous ses ordres 200 hommes, il prit l'île Santa Catalina (mai 1666). Il relâcha ensuite à Port Royal (juin) où il offrit sa conquête au gouverneur. Il repartit peu après en course, mais il fut capturé par un navire de guerre cubain d'une force supérieure au sien: ses hommes et lui furent mis à mort par ordre du gouverneur, celui-là même qui, selon un historien, fit exécuter plus de 300 pirates en deux ans. Modyford appelait Mansfield «le vieux bonhomme» ce qui laisse supposer qu'il avait une soixantaine d'années au moment de sa mort.

MARKHAM, John: flibustier anglais (mort à île du Prince, golfe de Guinée, 1687).

En 1680, il fut l'un des 330 flibustiers anglais qui passèrent à la mer du Sud par l'isthme de Panama sous la conduite des capitaines Coxon et Harris. Après cette expédition, il semble s'être retiré en Caroline d'où il arma un petit bâtiment. Ainsi, en mars 1683, il rejoignit aux cayes de la Floride le flibustier français Bréha et quelques autres capitaines anglais, avec lesquels il se rendit ensuite sur l'épave du galion Maravillas dans les Bahamas. De là, il se rendit avec ses associés, sous le commandement de Bréha, tenter une descente contre San Augustin, la capitale de la Floride. Après leur retraite devant cette ville et le pillage de quelque petit bourg de la Floride, il retourna avec son compatriote Thomas Paine et Bréha aux Bahamas, où le gouverneur anglais tenta en vain de les appréhender. L'année suivante, il semble avoir joint la flotte du capitaine Handley, qui appareilla de New Providence au printemps 1684 à destination des côtes de la Floride.
En avril 1685, il joignit la flotte de Grammont à l'île à Vache, commandant alors un bateau de six canons et 40 hommes. Ensuite, lors de l'escale à l'île d'Or (Panama), il complota alors avec les capitaines Sharpe et Tristan pour inciter les flibustiers à passer à la mer du Sud. Mais Grammont ayant contrecarré leurs plans, Markham dut participer à la prise de Campêche (1685). Après cette entreprise, il quitta Grammont et alla relâcher en Caroline. En 1686, appareillant de Caroline, il remonta jusque dans les parages de Terre-Neuve où il pilla quelques navires français. Voulant aller piller les Espagnols du Rio de la Plata puis faire la course dans le Pacifique, il se rendit aux côtes d'Afrique. Faisant alors escale à l'île du Prince, il fut tué avec la moitié de ses gens par les Portugais de cette colonie; les survivants se joignirent ensuite à un certain capitaine Eatey, probablement le pirate John Eaton.

MARTEN, David: flibustier néerlandais.

Depuis au moins 1651, il servit sur des bâtiments corsaires ou marchands croisant dans la mer des Antilles. Il obtint probablement son premier commandement comme flibustier quelques années après la conquête de la Jamaïque par les Anglais. En effet, en 1663, il reçut du gouverneur de cette île une commission pour prendre sur les Espagnols montant alors la barque The Charity. Sur ce petit bâtiment de 25 tonneaux avec 43 hommes d'équipage, il s'associa (vers janvier 1665) à Henry Morgan et quelques autres capitaines anglais, avec lesquels il pilla deux bourgs sur la rivière Tabasco, la ville de Trujillo (Honduras) et enfin celle de Granada (au lac de Nicaragua). Après cette expédition (vers août 1665), ayant à son bord quelques Indiens du Nicaragua qui s'étaient alliés aux flibustiers, Marten jugea préférable de ne pas rentrer à la Jamaïque, où il croyait être mal reçu en raison de l'état de guerre régnant alors entre l'Angleterre et les Provinces Unies. Il préféra se retirer à l'île de la Tortue chez les Français. Mais, avant le mois de novembre 1665, il se trouvait à la Guadeloupe où il fournit des informations sur le Yucatán et les Honduras au gouverneur du Lion. Toutefois, dès le début de l'année suivante, il pourrait avoir joint la flotte de son compatriote Mansfield qui fit descente au Costa Rica puis reprit l'île Providence aux Espagnols. Il relevait alors bel et bien de la Tortue, puisque en août 1666, alors qu'il commandait deux navires montés par 160 hommes, il faisait savoir au gouverneur de la Jamaïque qu'il était disposé à mener ceux-ci à Port Royal et passer lui-même au service de l'Angleterre. Ce fut apparemment le cas.
En 1668, Marten semble avoir participé à la prise de San Augustin (Floride) en compagnie du capitaine Searles. En 1670, il avait abandonné la course, trafiquant alors dans la baie de Campêche pour y charger du bois de teinture qu'il portait à la Jamaïque: à cette époque, il commandait toujours la Charity. Mais, lorsque les hostilités reprirent entre les Jamaïquains et les Espagnols en 1670, Marten prit une commission du gouverneur Modyford pour prendre sur les seconds. Mais, avant la fin de 1671, l'arrivée d'un nouveau gouverneur à la Jamaïque renversa cette politique, et Marten refusa de se soumettre et continua à pirater dans la baie de Campêche. Là, il fut arrêté par le HMS Assistance, dont le capitaine saisit sa barque et sa cargaison de bois. Il rentra ensuite à Port Royal où, en 1672, il était encore recensé parmi les marins résidant dans ce port.

MARTIN, Robert: flibustier français originaire de Honfleur.

À la fin de 1648, ce corsaire vint vendre à La Rochelle une cargaison de cacao provenant de deux prises espagnoles faites aux Antilles sous la commission du gouverneur de la Tortue. En 1652, il est signalé comme allant en course sur une frégate tous les ans aux côtes de Campêche où il capturait des Indiens pour les vendre à la Tortue. Ce capitaine Martin est sans l'ombre d'un doute l'un des assassins du gouverneur Levasseur. Après la défaite du chevalier de Fontenay contre les Espagnols (janvier 1654), avec son complice et associé Thibault, il courut encore le bon bord dans la mer des Antilles.

MASSERTIE, François: flibustier français originaire de Bordeaux.

En 1686, dans la baie de Samana (Hispaniola), il fut probablement au nombre des 80 flibustiers qui s'embarquèrent sur le Saint-Nicolas, une prise flessinguaise faite par le capitaine Lesage. Il se trouva ainsi à participer à un voyage de pillage contre les Espagnols en mer du Sud (1687-1693). Au retour de cette expédition, il fut élu capitaine après l'escale à Cayenne, jusqu'à son arrivée dans le port de La Rochelle en septembre 1694. Massertie se rendit ensuite à Bordeaux où, par l'entremise de M. Lombard, l'intendant Bégon tenta d'obtenir copie du journal qu'il avait tenu durant son voyage à la mer du Sud.

MATHIEU: flibustier français(?).

Ce capitaine commandait l'un des bâtiments de la flotte de Grammont au retour de l'entreprise de Maracaïbo (1678).

Michel le Basque: flibustier français d'origine basque d'où sont surnom.

En 1666, il partagea avec l'Olonnais le commandement général du raid dans le lac de Maracaïbo, commandant les troupes à terre. Après le partage du butin de cette expédition, il y retourna pour piller ce qui en restait. En février 1668, il commandait Le Dauphin, ancienne frégate de son camarade l'Olonnais. Vers ce temps, selon Charlevoix, il enleva un galion au large de Puerto Belo. Michel le Basque pourrait être identifié au sieur d'Artigny (ou d'Artigue), qui fut major à la Tortue sous l'administration d'Ogeron.

MINGUET, André: chirurgien et flibustier français (vers 1640 - Dondon, Saint-Domingue, 1722).

Après avoir participé à la prise de Carthagène, il obtint du gouverneur Ducasse une concession (11 septembre 1698) au trou du Dondon dont il devint le premier habitant. Sur son habitation, il entretint un hôpital où il recevait indifféremment Français et Espagnols.

MISSON, Olivier: pirate français.

Natif de Provence et fils de bonne famille, Misson est d'abord mousquetaire du roi avant de devenir marin. Embarqué à bord de la Victoire, il acquiert vite la maîtrise du métier. Pendant une escale près de Rome, il rencontre le père Caraccioli, dominicain aux idées étrangement révolutionnaires; c'est le début d'une solide amitié. Le prêtre renonce à la soutane pour suivre le corsaire et c'est côte à côte qu'ils participent à tous les abordages, jusqu'au jour où un dur combat décime les officiers de la Victoire. Misson prend alors le commandement. Le voici avec Caraccioli à pratiquer une forme étrange de piraterie.
On libère les esclaves, on relâche les prisonniers, on rend dignement les honneurs aux vaincus et l'on professe l'égalité totale de tous, ceci sous les auspices d'un nouveau pavillon blanc frappé de la devise « Pour Dieu et la Liberté ». Cela ne les empêche pas de livrer de sanglants combats et d'amasser rapidement un notable butin. Nantis d'un confortable trésor, ils tentent de mettre en pratique leurs idées de société nouvelle.
Ils s'installent dans la baie de Diego-Suarez, à Madagascar. Avec ses trois navires, quelques centaines de travailleurs anjouannais prêtés par leur reine ainsi que ses équipages cosmopolites, il fonde la République internationale de Libertalia. Tous les hommes y vivent égaux et en bonne intelligence, Blancs comme Noirs, protestants comme catholiques. Une langue nouvelle qui préfigure l'espéranto permet à tous de se comprendre. Peu à peu le village se construit. On y construit une maison commune qui abrite un Parlement élu démocratiquement.
Libertalia n'en est pas moins un repaire de forbans qui cherche à s'étendre. Le capitaine Tew, pirate chevronné, se laisse séduire par les arguments de Misson et Caraccioli. Il est nommé amiral en chef de Libertalia. Les navires de Misson partent à la recherchent de nouvelles cargaisons et de recrues. Des femmes sont ramenées de force. On continue cependant d'affranchir les esclaves et de relâcher les prisonniers!
La grande aventure de Misson prend fin tragiquement. Tew a pris la mer dans l'espoir de recruter quelques colons parmi ses anciens compagnons installés plus au sud sur la côte. Alors qu'il vient de débarquer, une tempête se lève et la Victoire disparaît. Simultanément, des tribus malgaches qui entourent Libertalia mènent un raid contre la colonie qui menace leur contrôle de la région. De nuit, la colonie est entièrement détruite et le rêve de Misson réduit à néant. Caraccioli meurt parmi les premiers. Deux navires réussissent à mettre les voiles, emportant quelques braves menés par Misson ainsi qu'une partie du trésor. Ayant rejoint Tew, ils décident de regagner l'Atlantique mais une violente tempête fait chavirer le sloop de Misson sous les yeux du capitaine Tew.
Ainsi se termine l'aventure de Libertalia. Tew gagne les colonies américaines où il vit quelque temps à l'abri du besoin. Puis, il revient dans l'Océan Indien. Il meurt peu après, fauché par un boulet, lors d'un abordage. Misson, Caraccioli et Tew disparus, il ne reste rien de leur utopie sinon une belle histoire de sang et de soif de liberté.
L'existence de Misson et de Libertalia nous a été transmise par Daniel Defoe, qui n'avance aucune date dans son récit. On peut pourtant évaluer les événements à la fin du XVIIe siècle. Defoe prétend connaître cette histoire par le journal de Misson qui aurait été retrouvé par hasard à La Rochelle, au chevet d'un ancien matelot français de Tew qui venait de décéder. Il faut cependant noter que certains chercheurs remettent aujourd'hui en cause la véracité du personnage et de son aventure.

MITCHELL, Adrian: flibustier probablement d'origine néerlandaise.

Ce capitaine prit en 1662 une commission en guerre à la Jamaïque. En mars 1663, montant le Blessing, il porta, à Port Royal, la nouvelle du succès de la descente du capitaine Myngs à Campêche, entreprise à laquelle il avait participé. En 1670, il commandait un bâtiment jamaïquain chargeant du bois de teinture dans la baie de Campêche.

MONBARS: flibustier français.

Monbars est un gentilhomme originaire du Languedoc. Adolescent,  il dévorait les livres du père jésuite Las Casas, le défenseur des Indiens  d'Amérique, et on dit qu'à chaque page il s'écriait: maudits Espagnols ! À l'école,  jouant dans une comédie, il passe près d'étrangler un confrère de classe qui tenait le rôle d'un noble Espagnol. Un peu plus tard, la guerre éclate entre la France et l'Espagne (entre 1635 et 1659), Monbars obtient d'un oncle capitaine corsaire qu'il le prenne à son bord. Et le voilà en route pour les Antilles ! A chaque voile aperçue, Monbars s'excite : «Est-ce un Espagnol ?». Quand enfin on finit par en rencontrer un, son oncle fait enfermer Monbars dans une cabine: «Il se ferait tuer! Il est complètement fou!» se dit l'oncle. Dès l'abordage, Monbars enfonce la porte et se jette dans la mêlée, comme un furieux. Il massacre tellement d'ennemis que les matelots s'exclament : «C'est l'ange exterminateur.» 
Oexmelin, qui dit l'avoir vu un jour en passant aux Honduras (vers 1668-1672), décrit Monbars comme un colosse, brun de poils, avec d'énormes sourcils broussailleux. Monbars descend à l'île de la Tortue, où son oncle fait escale pour écouler son butin. Pendant que les flibustiers se débauchaient tant que l'argent durait, Monbars ne buvait que de l'eau, ne touchait pas aux cartes et, paraît-il, les femmes ne l'intéressaient pas davantage. Il préférait causer avec les boucaniers de la côte d'Hispaniola. «Nos affaires ne vont pas du tout, disaient ces hommes. Les Espagnols viennent de plus en plus souvent du centre de l'île, ils profitent de ce que nous sommes à la chasse pour dévaster nos boucans. Il faudrait organiser une expédition contre eux.» 
À ce moment, Monbars a dix-sept ou dix-huit ans. On peut imaginer que les boucaniers commencent par le regarder de travers quand il propose de diriger une expédition punitive envers les ennemis des boucaniers. Monbars obtient quand même ce qu'il veut. Il se rend avec les boucaniers à Hispaniola, combat avec eux, tue des Espagnols, délivre leurs esclaves indiens, se fait acclamer par les boucaniers étonnés de s'être trouvés un chef aussi terrible. Son rêve d'adolescent est réalisé : il venge le génocide des Indiens d'Amérique. Il s'est fait justicier. 
Par la suite, Monbars devient capitaine d'un navire pourvu d'un équipage d'Indiens et d'esclaves évadés, dévoués jusqu'à la mort. Quand il capture un navire espagnol, il jette tout ce qu'il porte à la mer. Pas de quartier pas de butin, et il en sera ainsi dans tous ses combats, terrestres ou maritimes. Il devient vraiment Monbars l'exterminateur. 
Monbars n'est vraiment pas un tendre avec ses ennemis. Il rivalise avec l'Olonnais dans l'invention des tortures les plus horribles. C'est lui qui aurait eu l'idée d'ouvrir le ventre à des prisonniers, d'en tirer l'extrémité de l'intestin, qu'on cloue à un arbre. Puis, en mettant une torche aux fesses du prisonnier déjà très mal en point, on l'oblige à reculer, dévidant ses tripes. Disons toutefois que la description, souvent méticuleuse, des atrocités soi-disant inventées par Monbars sont les mêmes qu'on pratiquait en Europe et ailleurs, selon les chroniqueurs espagnols des XVIIe et XVIIIe siècles. Ce sont peut-être des exagérations visant à justifier la haine des pirates. Les récits ou dessins de cette époque marquée de nombreuses guerres nationales et religieuses ont souvent pour but de montrer à quel point les autres sont abominables. Il est bien difficile aujourd'hui de trancher entre vérité et propagande. 
Quand même, nombre de faits rapportés sur Monbars sont sûrement très réels, mais tout le personnage baigne dans une chronologie imprécise, jusqu'au jour inconnu où, on ne sait même pas l'année exacte, appareillant une dernière fois de La Tortue avec son équipage d'Indiens fidèles, il disparaît à jamais, corps et biens. Plusieurs spécialistes ont d'ailleurs mis en doute son existence car il n'a laissé aucune trace dans les archives.

MOREAU, Jean: flibustier français (mort à Saint-Domingue, février 1665).

Commandant la frégate Le Saint-Louis, il prit à la Jamaïque, dans les derniers jours de 1663, une commission du gouverneur adjoint Lyttelton pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles: deux de ses compatriotes établis à la Jamaïque nommé Jean Grandmaison et Élie Filliot se portèrent garants pour lui. L'année suivante, il captura cependant un bateau anglais dont il vendit la cargaison à l'île de la Tortue. Considéré dès lors comme forban, il fut tué avec plusieurs de ses hommes lors d'un combat contre le capitaine jamaïquain Robert Ensome, commandant le ketch Swallow. Le reste de son équipage fut jugé pour piraterie à Port Royal où quelques uns furent pendus.

MORGAN: flibustier anglais.

En 1682, il faisait parti de l'équipage de La Trompeuse, commandée par Hamelin. Mais, lors du voyage de ce vaisseau aux côtes de Guinée, l'année suivante, il fut élu comme capitaine par une partie de leur compagnie qui continua la course sous ses ordres à bord d'une prise. Il est possible que ce nom ne soit en fait qu'un pseudonyme.

MORGAN, Henry: aventurier anglais (Tredeggar Castle, Pays de Galles, 1635 - Port Royal, 4 septembre 1688), fait chevalier (1674) par le roi Charles II.

Aventurier gallois, Sir Henry Morgan a été l'un des flibustiers qui, avec l'appui tacite du gouvernement anglais, s'attaqua au trafic maritime et aux colonies espagnoles. Secondé par plusieurs des capitaines de l'Olonnais, (Roc Brasiliano, Laurent de Graaf, Michel le Basque et d'autres), il profite de leur expérience et dirige des expéditions de grande envergure.
Passé en Amérique soit comme engagé à la Barbade soit avec la flotte de l'amiral Penn, il s'installa ensuite à la Jamaïque après sa conquête par les Anglais (1655). Il devint capitaine corsaire à l'occasion des raids de Myngs (1662-63). Après la prise de Campêche, il pilla Villahermosa, Tabasco et Granada (1665) avec d'autres capitaines. À son retour, il épousa Mary Elizabeth Morgan, fille de son défunt oncle Edward, et devint capitaine puis colonel du régiment de milice de Port Royal. En 1668, il reprit la mer avec une flotte corsaire, se signalant par les prises de Puerto Principe (Cuba) et Porto Belo. L'année suivante, il faisait descente au lac de Maracaïbo, pour une descente des plus fameuses de l'époque. En 1670, il réunit, à l'île à Vache, une impressionnante flotte de flibustiers, qui se rendirent maître de l'île Santa Catalina, du fort Chagres et, surtout, de Panama (janvier 1671).
Après cette expédition, abandonné par plusieurs capitaines insatisfaits de la façon dont il avait partagé le butin, il rentra à Port Royal. En avril 1672, par ordre du nouveau gouverneur Lynch, il fut embarqué sur le HMS Welcome, à destination de l'Angleterre, pour aller répondre de ses actions contre les Espagnols à Panama et ailleurs. Étant entré dans les bonnes grâces de la Cour, il fut fait chevalier renvoyé à la Jamaïque en qualité de lieutenant-gouverneur (1675). Sous l'administration du gouverneur général Vaughan (1675-1678), il fut accusé, non sans raison, de favoriser les flibustiers. Ayant assuré l'intérim du gouvernement au départ de Vaughan, il fut favorisé par le successeur de celui-ci le comte de Carlisle. Après le départ de ce dernier, il gouverna pendant environ deux ans (1680-1682) la Jamaïque, se montrant hostile en public envers les flibustiers anglais, faisant notamment procéder à des arrestations, des saisies et même des exécutions.
Au retour de Lynch comme gouverneur général, Morgan et son beau-frère Byndloss furent néanmoins exclus du Conseil de la Jamaïque (octobre 1683). Morgan n'en continua pas moins de s'opposer à Lynch et à son successeur Molesworth, représentant la faction favorable au commerce avec les Espagnols, par l'entremise d'agents comme l'avocat Roger Elleston. Morgan mourut paisiblement en Jamaïque alors que le duc d'Albemarle venait d'obtenir sa réintégration sur le Conseil de la Jamaïque.

MORRIS, John: flibustier anglais (mort à île à Vache, 12 janvier 1669).

Il participa aux raids de Henry Morgan sur Cuba et Porto Belo (1668) en compagnie de son homonyme, dont était apparemment le cadet en terme d'âge ou de service comme flibustier. Il compta au nombre des capitaines qui périrent lors de l'explosion de la frégate Oxford.

MORRIS, John: flibustier anglais (mort à Puerto Rico, 1675).

En octobre 1662, il reçut du gouverneur de la Jamaïque une commission pour prendre sur les Espagnols par droit de réprésailles, le capitaine Robert Searles ainsi que le lieutenant-colonel Thomas Morgan se portèrent alors garants pour lui. Il commandait alors la frégate The Virgin Queen, avec laquelle il participa à la prise de Campêche sous les ordres du capitaine Myngs. Après cette expédition, il repartit en course et en janvier 1664 il captura le Blue Dove, qui se rendait aux côtes sud de Cuba, sous prétexte que celui-ci voyageait avec un passeport néerlandais pour ravitailler les Espagnols de Cuba. Il conduisit le Blue Dove à Port Royal, mais la Cour de la vice-amirauté jugea le navire de mauvaise prise.
Par la suite, il s'associa avec Henry Morgan, Jacob Fackman et David Martin qui mirent à sac Villahermosa et Granada (1665). Il participa ensuite, sous les ordres de Morgan, aux prises de Puerto Principe, Puerto Belo et Maracaïbo. En août 1670, il commandait The Dolphin, une frégate de 60 tonneaux armée de 10 canons, avec un équipage de 60 hommes. Il appareilla alors de Port Royal au sein de la flotte commandée par son vieil associé Henry Morgan. Ayant reçu l'ordre de celui-ci de demeurer en garde à la côte de Cuba, Morris y défit et tua le corsaire portugais Rivero Pardal (octobre 1670). Avec comme prise le navire de celui-ci, il rejoignit ensuite Morgan à l'île à Vache. Avec le grade de major, il commanda avec Prince l'avant-garde des flibustiers lors de la prise de Panama (février 1671). Au retour de cette expédition, il abandonna le Dolphin aux îles Caïmans, où il prit le commandement du Lilly, une frégate de 50 tonneaux et 10 canons, échouée là aussi par le capitaine Norman qui l'avait montée jusqu'alors: sir James Modyford, gouverneur adjoint de la Jamaïque et agissant comme procureur pour les propriétaires du Lily donna alors la moitié des parts de cette frégate à Morris.
Avec 30 à 40 flibustiers, ce dernier se rendit ensuite dans les cayes du sud de Cuba où ils capturèrent (août 1671) une pirogue espagnole dont ils volèrent la cargaison de tabac. Ensuite, Morris alla vers les côtes de Saint-Domingue. Ayant refusé de s'attaquer à un bâtiment richement chargé, Morris fut alors abandonné par la plupart de ses hommes, qui le quittèrent à l'île à Vache. De retour à Port Royal en décembre 1671, il y fut arrêté et jugé pour piraterie par le nouveau gouverneur Sir Thomas Lynch, lequel lui accorda toutefois son pardon et lui rendit sa frégate. Avec celle-ci, sous une commission spéciale de Lynch Morris se trouva donc engagé dans la lutte contre les pirates. Avec le Lily et un autre bâtiment, il quitta donc la Jamaïque en février 1672 pour tenter de capturer le capitaine Yallahs dans la baie de Campêche. Mais, contrairement aux ordres reçus, Morris y chargea le Lily de bois de teinture. Le Lily rentra en Angleterre en décembre 1673. Il n'est pas certain que Morris en était encore le capitaine, puisque, dès 1674, il se voyait confier par le gouverneur Lynch la mission de ramener à la Jamaïque un certain Jones, un pirate qui s'est réfugié chez les Français à Saint-Domingue. Cependant, en juillet 1675, Morris obtenait le commandement d'un petit bâtiment et un congé du nouveau gouverneur Vaughan, par l'entremise de son ancien chef Morgan, pour reconduire le sieur de Cussy, un officier français de Saint-Domingue venu à la Jamaïque pour y recruter des flibustiers. En fait, Morris se trouva engager dans une expédition contre les Espagnols de Puerto Rico, que commandait en chef Cussy qui finança en partie l'armement de Morris au Petit-Goâve en septembre 1675. Morris trouva la mort lors de cette expédition.

MORTON, Richard: flibustier anglais (mort dans le détroit de Magellan, février 1684).

Il compta au nombre des 330 flibustiers anglais qui passèrent à la mer du Sud par l'isthme de Panama, en avril 1680. Revenu aux Antilles, par le détroit de Magellan, sur la Santisíma Trinidad avec le capitaine Sharpe, il semble avoir suivi ce dernier en Angleterre (mars 1682), étant acquitté d'accusations de piraterie en même temps que son chef. Il s'embarqua ensuite à Londres avec le capitaine Bond comme pilote pour les Antilles, les îles du Cap Vert puis le Brésil. À cette côte, il passa avec le capitaine Eaton, sur le Nicholas, recevant alors le commandement d'une barque portugaise. Il entra ensuite dans le détroit de Magellan en compagnie d'Eaton (fin 1683), tous deux joignant ensuite le capitaine Swan. Ayant pris huit des hommes de ce dernier à son bord, Morton disparut dans une tempête.

MUGFORD, Milner: flibustier anglais.

En 1663, il commandait un ketch dans la flotte jamaïquaine qui sous les ordres du capitaine Myngs alla piller Campêche. Au retour de cette expédition, il s'empara d'une barque dont il mena la cargaison en fraude à la Jamaïque à l'insu de Myngs. Pour cette affaire, il fut jugé par la Cour de la Vice-Amirauté de la Jamaïque en mai de la même année.

MULATO, El: de son vrai nom Diego de Los Reyes, alias Diego Lucifer.

Né esclave à La Havane à la fin des années 1620, le mulâtre (mulato) Diego de los Reyes s'évade et devient flibustier. Il se joignit aux corsaires néerlandais qui écumaient alors la mer des Antilles, probablement au capitaine Hendrik Jacobszoon Lucifer avec lequel il est parfois confondu et à la mort duquel (1627) il hérita, selon certains, du commandement de son navire. Jusqu'au traité de Westphalie (1648), il fit la guerre aux Espagnols en Amérique sous commission des Provinces-Unies.
Il pourrait être ce mulâtre Diego qui, en 1653, commandait un brigantin sous commission du chevalier de Fontenay, le gouverneur de l'île de la Tortue. S'il s'agit du même, ce Diego aurait eu alors près de soixante ans : Exquemelin parle de la pointe à Diègue (Costa Rica), ainsi nommée en l'honneur d'un aventurier espagnol. En 1670, ce Diego ou un troisième mulâtre du même prénom commandait la frégate Le Saint-Jean, avec un équipage français, relevant de la colonie française de la Tortue et de Saint-Domingue, avec laquelle il joignit la flotte de l'amiral Henry Morgan à l'île à Vache à la fin de l'année et participa sous les ordres de celui-ci à la prise de Panama au début de l'année suivante.
En décembre 1671, il compta parmi les capitaines qui refusèrent le pardon général accordé aux flibustiers par le nouveau gouverneur de la Jamaïque. Montant un vaisseau de 15 canons, il défit successivement, dans le canal des Bahamas, trois bâtiments espagnols lancés à sa poursuite et dont il massacra sans exception tous les membres de l'équipage qui étaient originaires d'Espagne (juin 1673). Il fut ensuite capturé puis exécuté par les Espagnols. Le Mercure américain raconte (1678) l'aventure de l'Espagnol Diego de Rivera qui fut sauvé d'un naufrage par un corsaire jamaïquain et qui, s'étant fait flibustier, passa à la Tortue avec les Français où il devint capitaine flibustier. Il s'agit certainement du Diego des années 1660 et 1670, dont l'histoire aura été romancée.

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