PADREJEAN, alias PEDRO, Juan: esclave africain (mort à Saint-Domingue, 1679), connu en français sous le nom de Padrejean.
Esclave d'un Espagnol de Santo Domingo, il assassina son maître puis se réfugia à la Tortue. Partant de cette île, il alla s'établir à Pointe-Palmiste (future paroisse du Petit-Saint-Louis, près du Port-de-Paix). Vers octobre 1679, il débaucha quelques nègres avec lesquels il projeta d'égorger tous les blancs. En ayant réuni vingt-cinq, il courut à leur tête jusqu'au Port Margot, pillant et massacrant tout ce qu'il rencontra. S'étant ensuite retiré dans la haute montagne de Tarare, il en partait en expédition contre les Français. Une vingtaine de boucaniers se décidèrent finalement à le déloger de son repaire difficile d'accès et le tuèrent avec six des siens.
PAINE, Thomas: flibustier anglais (mort en Nouvelle-Angleterre, après 1700).
En avril 1676, croisant sous commission française du gouverneur de Saint-Domingue en compagnie de deux autres capitaines anglais, il reprit à des corsaires néerlandais un navire marchands rochelais, entre Curaçao et Antigua. Le mois suivant, avec ses deux associés, il conduisit cette prise à l'île Sainte-Croix, dont le gouverneur la leur adjugea. Commandant alors le Saint-David, de 14 canons, il rentra vraisemblablement au Petit-Goâve où il pourrait avoir joint la flotte du marquis de Maintenon, qui s'en alla au Venezuela (1676-1677). Peu après le naufrage de la flotte de M. d'Estrées (mai 1678), montant alors un corsaire de six canons, il se rendit aux îles d'Aves et, échappant à un navire de guerre hollandais, il prit un sloop de la même nationalité. En association avec son compatriote William Wirght, il pilla des établissements des côtes de Caracas et de Rio Hacha, allant même jusqu'à enlever un petit vaisseau à la barbe de l'Armada de Barlovento (1679-80). Paine servit ensuite sous les ordres de Grammont à la descente sur La Guayra (mai 1680).
Un an après cette dernière entreprise, il mouillait à Springer's Key, l'une des îles de l'archipel San Blas, en compagnie d'autres corsaires. Quelques semaines plus tard, après la dispersion de leur flotte, il alla caréner à Boca del Toro d'où le chassèrent des bâtiments de guerre espagnols. Ayant fait sa soumission au gouverneur Lynch l'année suivante, il appareilla ensuite (décembre 1682), en compagnie de Coxon et trois autres capitaines pour donner la chasse aux pirates. Mais, en mars 1683, montant le Pearl de huit canons et 60 hommes, il joignit aux Bahamas le flibustier français Bréha et trois capitaines anglais, avec lesquels il alla faire descente à San Agustín, en Floride. Mais les Espagnols de cette ville s'étant mis en défense, ils durent tous réembarquer, se contentant de piller quelque peite place voisine. Accompagné de Bréha et Markham, il se rendit à l'île New Providence (Bahamas), où le gouverneur Lilburne essaya de l'arrêter. De là, Paine et ses deux associés se rendirent sur l'épave d'un autre galion espagnol coulés dans les Bahamas. Mais, à l'arrivée d'un vaisseau armé par le gouverneur Lilburne pour les arrêter, ils quittèrent les parages.
Paine se rendit ensuite au Rhode Island vers août 1683. Le gouverneur de la petite colonie le protégea des fonctionnaires royaux qui voulait saisir son navire et sa personne, se fixant alors dans cette colonie. En juillet 1690, il mit en déroute le capitaine Picard, venu attaquer cette colonie. À l'été 1693, il arma encore deux sloops au Rhode Island et repoussa une flotte française de sept vaisseaux. En juillet 1699, habitant une île dans la baie de Narragansett, il reçut une partie du butin de William Kidd; mais, lorsque les autorités se présentèrent chez lui, il s'était enfui.
PEDNAU: flibustier français.
Commandant le Chasseur, un vaisseau de 20 canons, avec 120 hommes d'équipages, il appareilla du Petit-Goâve au début de juillet 1684 en compagnie d'une flotte commandée par Grammont et comptant les capitaines Bréha, Tocard et Dumesnil. Quelques mois plus tard, probablement sur ordre de Grammont, il se rendit au rendez-vous que celui-ci avait fixé à tous les flibustiers de Saint-Domingue, à l'île de la Tortille, ou Tortue Salée, à la côte de Caracas. Là, dans les dernières semaines de 1684, il joignit les capitaines Andresson, Cachemarée et quelques autres. Ayant attendu en vain Grammont, ces capitaines se séparèrent. Pednau alla alors caréner le Chasseur à la côte de Caracas.
PERON, François: flibustier français (mort à Cuba, avril 1663).
Associé du capitaine Riou, il était vraisemblablement un marchand impliqué dans la contrebande. Lorsque Riou prit une commission à la Jamaïque à la fin de 1662, le futur gouverneur Lynch se portant garant pour les deux Français. Il fut tué avec Riou par les Espagnols de Cuba.
PETERSEN, Jan: flibustier néerlandais.
Ce capitaine quitta (janvier 1660), à Port Royal, porteur d'une commission du gouverneur D'Oyley en même temps qu'un certain Laques.
PETERSON, George: flibustier anglais.
Il compta au nombre des hommes des capitaine Yankey et Evertsen. Après la prise de la hourque des Honduras suivie de la mort de Yankey au début de 1688, il devint capitaine d'une partie de cette compagnie sur une barque longue de 90 à 100 tonneaux et armée de 10 canons, laquelle était probablement montée par Evertsen auparavant. Avec environ 70 hommes, Peterson se rendit avec cette barque en Nouvelle-Angleterre, à Boston et Rhode Island plus précisément. Là avec des complicité locale, il réarma et augmenta son équipage jusqu'à 120 hommes. En août 1688, il se rendit en Acadie où il pilla un petit établissement et quelques bâtiments français. Par la suite, il semble avoir fait voile vers les côtes de Guinée.
PETIT: flibustier français.
En 1684, il commandait un bâtiment dans la petite flotte qui appareilla de la côte de Saint-Domingue sous les ordres du capitaine Bernanos pour aller faire descente au golfe de Paria. Vers 1695, un capitaine corsaire protestant nommé Gilles Petit fut embastillé pour avoir croiser à l'embouchure de la Gironde et de la Loire avec un navire hollandais qui aidaient des huguenots à fuir la France. Ce Petit donna au ministre Pontchartrain l'idée de la prise de Cartagena, et lui fournit, semble-t-il, les plans de cette ville.
PICARD, (Le) alias Pierre HANTOT: flibustier français originaire de Picardie, d'où son surnom.
On ne sait rien de Le Picard avant 1668, quand il s'associe à l'Olonnais pour écumer les côtes de Cuba. L'objectif suivant est au Nicaragua, mais le navire de l'Olonnais manoeuvre mal et les flibustiers remontent plutôt la côte du Honduras. Ils s'emparent de Puerto Cabellos, puis de San Pedro Sula loin à l'intérieur des terres. Ces villes ne rapportent pas beaucoup de richesses. Quelques prisonniers «gentiment» questionnés remontent le moral des flibustiers en affirmant qu'un riche galion arrivera sous peu du côté de Belize. Picard et l'Olonnais s'embusquent... ils attendent trois mois avant qu'enfin le galion se pointe à l'horizon. L'Olonnais mène l'assaut. Une autre déception: le galion ne contient pas de butin de valeur.
Picard est très déçu que son association avec le célèbre l'Olonnais n'apporte que de la malchance. Il se sépare de lui... et de la malchance qui ne va plus quitter l'Olonnais... En 1684, il faisait probablement parti de la compagnie du capitaine Laurent De Graff. En effet, en février 1685 il prit la tête de 87 flibustiers qui quittèrent l'équipage de De Graff pour continuer la course à leur propre compte sur la Cascarille, une prise faite par leur ancien capitaine. Il croisa ensuite quelques jours en compagnie des capitaines Andresson et Rose. Puis, à l'île d'Or, il poursuivit avec ses hommes pour tenter le voyage à la mer du Sud, en traversant l'isthme de Panama, avec les capitaines Rose et Desmarais. Il débarque alors dans la province de Veragua où se trouvent des mines d'or. Il ne récolte que quelques livres d'or. Quand il veut traverser l'isthme pour attaquer Natá, sur la côte du Pacifique, les espagnols se sont assemblés en grand nombre et les flibustiers sont obligés de reprendre la mer.
Pendant les quinze années qui suivent, Picard opère sur mer, probablement à bord d'un brigantin. Il mène une carrière sans histoire, pillant on ne sait combien de navires, assassinant on ne sait combien de gens. L'idée de saccager les côtes du Pacifique, jusqu'à ce jour inaccessible aux flibustiers, lui revient quand il s'associe aux capitaines Rose et Desmarais. Avec 264 flibustiers, ils traversent l'isthme de Panama. À Isla del Rey, ils rejoignent les capitaines Grogniet, Davis, Swan, Knight et Townley qui ont eu la même idée. Le Picard se plaça sous les ordres de Cachemarée, à bord de la Sainte-Rose. Mais il se sépara de celui-ci en mai 1686 et forma une association avec le flibustier anglais Francis Townley.
Ayant réunis ses forces avec celles de Cachemarée, Le Picard participa à la prise de Guayaquil (avril 1687). Pendant des mois, cette petite armée de flibustiers va semer la terreur sur la côte du Pacifique. Il ne réussiront pas de grand coup, à l'exception de la prise de Granada, au Nicaragua. Une des raisons des demi-succès des flibustiers tient à ce que leurs forces sont souvent divisées par une discorde tenace entre anglais et français. Il y a aussi une flotte espagnole puissamment armée qui s'attaque à eux. Le combat naval se conclut sur un match nul. Mais il a pour conséquence que les flibustiers décident de se séparer en petits groupes plus mobiles, agissant par surprise et pouvant s'échapper facilement. Plusieurs villes seront attaquées. Souvent aussi, les espagnols réussissent des embuscades contre les flibustiers.
De cette longue aventure, les flibustiers ne sont pas très heureux. L'ennemi est coriace, les prises très maigres. L'attaque sur Guayaquil par exemple est bien risquée pour ce qu'elle rapporte... du moins quand on a les yeux gourmands d'un flibustier. Mais c'est à Guayaquil que Picard gagne du prestige. À la tête de «50 enfants perdus», nom donné à ceux qui forment la première vague, il dirige l'assaut. Le combat dure huit heures. Grogniet est tué. La bravoure de Picard lui vaut d'être choisi à sa place chef des flibustiers français. Ce qui n'empêche que toute cette épuisante aventure ne rapporte toujours pas beaucoup. Picard s'empare encore de Tehuantepec, et écume le golfe d'Acapulco, au Mexique, sans plus de résultat. Lassé, il décide de traverser à nouveau l'isthme de Panama par le chemin le plus court. Soit directement à travers les zones les mieux défendues par les espagnols. Ils sont 260 à suivre Picard. Ils réussissent à passer après bien d'autres aventures et sacrifices.
Après cette expédition, il fut l'un des chefs qui ramenèrent les flibustiers français dans la mer des Antilles, en traversant les Honduras. De retour à Saint-Domingue, en mai 1688, il y fit devant le gouverneur Cussy une déclaration, conjointement avec d'autres, racontant leurs aventures en mer du Sud. Le Picard se retira ensuite en Acadie au début de la guerre de la ligue d'Augsbourg (1689-1697), avec le résultat de 20 ans de pillages divers... La dernière action connue de Picard est un raid contre les côtes du Rhode Island (juil. 1690), en représailles contre une attaque anglaise de Phips sur la Nouvelle-France. Picard ravage quelques villes, se prépare à attaquer Newport. Un de ses anciens confrères flibustiers est envoyé contre lui. C'est un anglais, Thomas Paine. Il y a combat. Picard se retire et on n'entend plus jamais parler de lui.
PIE DE PALO: flibustier hollandais (?) de son vrai nom: Cornelis Corneliszoon Jol.
Plus connu sous le nom de « Pie de Palo », soit « Jambe de bois », est basé à Curaçao depuis que Jan Walbeeck et Pierre le Grand se sont emparé de cette île pour le compte de la Hollande. Son coup de main le plus célèbre est la prise de Santiago de Cuba le 3 août 1635, grâce à une ruse restée célèbre: en plus de hisser le drapeau Espagnol, une bonne partie de l'équipage se déguise en missionnaires Franciscains. Le gouverneur de Santiago les laisse entrer dans le port... Puis découvre la supercherie. Il s'ensuit une bataille qui dure deux jours. Pie de Palo pille les navires ancrés dans le port, détache des commandos dans la ville, puis se retire.
La suite de la carrière de Pie de Palo n'est pas couronnée du même succès. Deux fois, en 1637 et en 1638, il réussit à intercepter la flotte de l'or espagnole près des côtes de Cuba. Mais la proie est trop formidable pour les moyens dont il dispose et il ne peut s'en emparer.
Pie de Palo retourne en Europe. Il ne reviendra jamais plus dans les Antilles: trois ans plus tard, il meurt au cours d'une attaque contre Sao Tomé sur la côte d'Afrique de l'Ouest.
PITRIANS: flibustier anglais.
En 1673, croisant sous commission française, il captura un navire espagnol sorti de Puerto Rico et allant à La Havane, délivrant ainsi M. de Pouancey et quelques autres Français alors prisonniers des Espagnols et prenant aussi 100 000 escalins ou écus, dont une partie était destinée à la garnison de La Havane. Il pourrait être identifié à Peter Harris.
PRINCE, Lawrence: flibustier anglais (mort à la Jamaïque, vers 1680).
Commandant le Pearl de 50 tonneaux et 12 canons, il compta au nombre des capitaines qui furent envoyés par le gouverneur de la Jamaïque (juil. 1670) au fleuve Magdalena pour assister les Indiens du Monpos en révolte contre les Espagnols. Après l'échec de cette mission, il pilla (septembre) Granada en compagnie de Ludbury et Thomas Harris. De retour à la Jamaïque (fin octobre), il alla rejoindre la flotte de l'amiral Henry Morgan à la l'île à Vaches, ayant alors 70 hommes à bord du Pearl. Prince, avec le grade de lieutenant-colonel, commanda l'avant-garde des troupes de Morgan lors de la bataille de Panama (janvier 1670). En décembre 1671, le nouveau gouverneur Lynch le choisit pour être l'un de ses officiers; et l'année suivante il acquit une belle plantation dans la plaine de Liguaena, nommée Lawrencefield dont son ancien chef Morgan était propriétaire en 1681; ce qui laisse croire que Prince était mort ou qu'il avait alors quitté la Jamaïque.
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